mardi 26 juillet 2011

Schtroumpf party

On va en bouffer, des Schtroumpfs.

La sortie du film d'animation a beau être prévue pour début août, les éditeurs n'ont pas attendu la fin de l'été pour ressortir des cartons de quoi éplorer le nostalgique, intéresser le collectionneur, surprendre l'érudit... ou occuper le terrain, ce qui n'est déjà pas mal.

Au rayon "patrimoine", citons la réédition du Schtroumpfissime, chef d'oeuvre parmi les chefs d'oeuvre de Peyo (et d'Yvan Delporte) agrémentée des commentaires d'Hugues Dayez. Joli format, belles couleurs, bonnes intentions... mais je suis resté sur ma faim, Dayez n'apportant pas grand chose à mon sens à l'album, si ce n'est quelques remarques pertinentes (je n'ai lu qu'ensuite sa biographie - magistrale - de Peyo, Peyo l'Enchanteur, qui elle vaut largement l'investissement). On sent les éditions Dupuis soucieuses de mettre en valeur leur patrimoine, à l'image des magnifiques intégrales qu'elles proposent jusqu'à présent (Gil Jourdan, Jerry Spring, et aussi Johan et Pirlouit), mais la matière manque pour enrober le seul Schtroumpfissime.

Toujours au rayon patrimoine, je me suis laissé tenter par l'exposition chez Artcurial (splendide hôtel particulier sur les Champs Elysées) sur Peyo. Plusieurs des pièces exposées sont à voir sur le site du Figaro, qui, lui, a eu le droit de faire entrer un appareil photo dans la salle... Une expo BD assez classique, avec planches originales, de temps en temps un coup de gomme ou un bout de scotch pour faire "authentique". C'est frappant de constater à quel point le dessin de Peyo est lisible, fluide, et que le crayonné effacé par l'encrage est pratiquement invisible. Le but est ici  de montrer les différentes facettes de l'oeuvre de Peyo (son apolitisme, le côté musical de ses séries) à l'aide de planches. Tout ça donne l'impression d'un exposé bien maîtrisé, mais pas d'une expo dépassant l'exercice de style (un des meilleurs contre-exemples est pour moi celle réalisée autour de l'univers de Gaston à la Villette ou Tintin au Centre Pompidou). A la boutique du musée, je fais l'acquisition du livre d'Hugues Dayez que j'ai déjà cité, et en le lisant, je me rends compte que l'expo s'est largement inspiré de son travail.

Je passe vite fait sur le livre d'Antoine Bueno, Le Petit livre bleu, qui a rassemblé ce que les mauvaises langues disaient sur les Schtroumpfs, l'a agrémenté de travers que je ne soupçonnais pas (les Schtroumpfs facistes?), et en a tiré un petit opuscule qui cherchait surtout à faire polémique pour s'assurer un bon chiffre de ventes (l'intérêt scientifique ou démonstratif m'apparaît incertain).


Beaucoup de blogueurs ou de médias spécialisés ont répondu au polémiste, fort à propos à mon avis. Ce qui peut déboucher de positif de tout ça, c'est une analyse d'oeuvres de BD sur le fond, un traitement jusque là réservé au seul Tintin (avec une quantité d'ouvrage assez monumentale). J'attends le polémiste qui écrira qu'Astérix et Obélix voteraient Front National s'ils vivaient aujourd'hui, que George Bush a piqué sa politique étrangère à Buck Danny ou que Jérôme K Jérôme Bloche est à l'origine de la boboïsation du nord-est de Paris...

PS: un mot sur le film, qui est à la base de ce remue-ménage médiatique. Des images qu'on a pu voir jusqu'ici, j'en pense le plus grand mal. Je trouve aussi troublant que le concept de base soit très proche d'un film (tout aussi mauvais sur le papier) qui sort fin juillet: Mr Popper et ses pingouins, comprenez Jim Carey qui s'improvise éleveur de pingouins dans son loft de Manhattan.



Le principe est exactement le même: mettez des personnages virtuels dans un élément qui n'est pas le leur (New York, ou une autre ville américaine), faites interagir avec quelques autochtones, et le tour est joué.



Je ne vous mets pas la vidéo du jeu vidéo "Schtroumpf Party" sur Wii... Si, en fait, il faut le voir pour le croire...


Peyo, qui a engendré une fortune considérable en ayant pratiquement arrêté de dessiner dans les années 70, avait déjà revu le standard des histoires des Schtroumpfs à la baisse dans les années 80 avec l'arrivée des dessins animés d'Hanna-Barbera, un peu ce qu'est devenu Astérix sur les derniers albums. Avant de connaître un dernier sursaut avec Le Schtroumpf Financier, un album qui fait écho à ce qu'à pu être le meilleur de la série: une satire politique profonde, pointue et savoureuse.

PS 2: on m'apprend que Katy Perry a décidé d'arborer un look "Schtroumpfette" pour le film. Ca pique les yeux (source: Paris Match).


Les photos du désastre du film par ici!

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