mercredi 28 décembre 2011

Mon bilan BD 2011


Résumer 3900 livres de BD parus en 2011 (sans compter les rééditions) est évidemment impossible. Chapeau aux journalistes ou aux fans qui n'en auraient lu ne serait qu'un cinquième. En ce qui me concerne,  j'ai dû m'offrir ou me faire offrir une petite centaine d'albums cette année, et pas tous du cru 2011 (intégrales, quand tu nous tiens). Mon bilan sera donc fatalement très très très partial et partiel.

Les grosses machines
On en a peu vus dans les rayonnages : pas d'Astérix, pas de Titeuf à se mettre sous la dent. Encore moins un Lucky Luke ou un Blake et Mortimer. Le rapport de l'ACBD décerne la palme du plus gros tirage à XIII (500.000 exemplaires) ce qui est tout à fait respectable mais loin d'être extraordinaire. La seule création originale à dépasser le tirage de 100.000 exemplaires est le Julia & Roem d'Enki Bilal. Juste après suivent les Chevaliers d'Emeraude de Tiburce Oger et un peu plus loin, le O Dingo ô Châteaux de Tardi et Manchette. Soit de l'auteur installé au point qu'on achète l'album plus pour lui que pour sa série, soit une adaptation d'un livre de fantasy extrêmement populaire. On cherchera autour des 50.000 exemplaires pour des albums "one shot" plus exigeants (Les Chroniques de Jérusalem, Voyage aux Iles de la Désolation, Les Ignorants...).

Mon classement de 2011
Je n'ai bien évidemment lu qu'une part infime de la production. Mon profil est celui de l'amateur éclairé qui va aimer les oeuvres de qualité, mais ne sortant pas trop des sentiers battus. Un auteur comme Blutch, avec son Pour en finir avec le cinéma, m'a laissé comme deux ronds de flan.



Très bien
Les albums qui sortent du lot en cette année 2011 ne sont pas légion, c'est à ça qu'on les reconnaît. Je tire donc mon chapeau aux Ignorants, d'Etienne Davodeau, un de ses meilleurs depuis un petit moment (il m'est déjà arrivé de piquer du nez dans certains de ses albums). Cette rencontre entre la BD et le vin est à la fois rafraîchissante et instructive, qu'on soit oenologue ou bédéphile. Mention spéciale aussi au Perroquet des Batignolles, l'adaptation du feuilleton radiophonique par un Stanislas qui marche dans les pas d'Hergé avec son récit aux faux air d'Oreille Cassée. Je ne peux pas passer sous silence le meilleur feuilleton du neuvième art, la saison 2 de Cité 14, une série que j'ai pris en route mais dont je n'arrive plus à décrocher. Les dessins au look faussement rétro, mi-Disney mi-Calvo, sont à tomber par terre. Signalons aussi la meilleure série jeunesse dont la qualité ne se dément pas, le troisème tome du Royaume

Bien
Mention décernée Un plan sur la comète, le dernier Jules en date. L'avoir lu saucissonné dans Spirou m'avait donné l'impression qu'il manquait de fluidité. En album, c'est beaucoup plus convaincant. On se laisse porter dans les aventures didactiques d'un héros toujours aussi attachant même si on ne retrouve pas le niveau du tout premier tome, un chef d'oeuvre absolu selon moi. A noter qu'Emile Bravo sait se dépêtrer du format des 44 planches avec brio et sans tirer à la ligne.



Dans le panthéon de mes auteurs favoris, Brüno a toujours une place à part. Son Atar Gull avec Fabien Nury mérite une mention, mais il y manque ce petit quelque chose qui en ferait un chef d'oeuvre. Mes chouchous au rendez-vous : Jean-Denis Pendanx et son Svoboda méritent une mention au palmarès. Des dessins magnifiques mais une histoire si courte (le premier tome fait 40 planches) qu'elle laisse sur sa faim. Il sera plus facile d'apprécier l'oeuvre en elle-même quand elle sera terminée. Les valeurs sûres n'ont pas démérité en 2011 : Il était une fois en France confirme qu'elle mérite sa place en 4x3 dans le métro et dans le top 5 des meilleures séries des années 2000, et Philip et Francis font autrement plus rêver que les aventures post-Jacobs de Blake et Mortimer, où on nous annonce la résurrection de Septimus.

Coup de coeur pour Le chanteur sans nom, un album passé relativement inaperçu en début d'année et qui a droit à juste titre à une sélection au festival d'Angoulême.

Encouragements
A Chimère(s) 1887, signé Arleston (mais pas sous son vrai nom), une bonne histoire dans le milieu des maisons closes dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Certes, c'est encore un tome d'exposition, porté par le dessin lumineux de Vincent, mais la série s'annonce prometteuse et pas racoleuse, contrairement à ce qu'on pouvait craindre.

J'ai bien aimé aussi Voyage aux Iles de la Désolation, d'Emmanuel Lepage, un récit de voyage sur le navire qui relie les confettis de l'océan et transbahute des scientifiques en transit. Si l'histoire est intéressante sans plus, les dessins sont absolument magnifiques. Il m'est souvent arrivé de contempler une double page magistrale pendant quelques minutes. La fluidité du récit en pâtit un peu : c'est un livre qu'on regarde plus qu'on ne dévore.

De nombreux noms assez connus échouent dans cette catégorie, signe qu'ils ont fait déjà mieux :
- Lax et son deuxième tome de Pain d'Alouette, moins emballant que le premier, qui était déjà moins emballant que L'Aigle sans orteils.
- la petite musique de Guy Delisle, c'est comme du Phil Collins. C'est sympa, mais ça commence à ressembler à ce qu'il a fait avant. Même si le concept d'analyser le conflit israélo-palestinien vu du type qui va acheter son pain à la boulangerie est audacieux, les Chroniques de Jérusalem ont comme un faux air de redite avec celles de Birmanie, de Corée du Nord ou de Chine.
- le Quai d'Orsay t2 perd la surprise et le vent de fraîcheur qui animaient le premier. Ca reste de la très bonne BD, cela dit.
- Ghost Money t3, c'est très bien, mais ça se prend un tout petit peu trop au sérieux. Et le dessin réalisé à l'informatique donne un aspect assez froid à l'album, qui empêche de s'y attacher totalement.
- le nouveau Jonathan, Atsuko, et le dernier Jérôme K Jérôme Bloche poursuivent agréablement la série, sans la révolutionner.
- la magie du dessin de Turf opère dans Magasin sexuel, un OVNI qui aurait fait un très bon one-shot. Mon inquiétude, c'est qu'il y aura une suite...
- il est difficile de tirer un jugement définitif d'Aâma, le dernier Fréderick Peeters, tellement c'est cosmique.  Et dire qu'il en prévoit 11 tomes!

Passable
J'ai été fortement désorienté par le dernier Buddy Longway. Derib abandonne la forme classique des histoire de son trappeur passé de vie à trépas à l'album précédent, et met en scène les souvenirs de sa fille, Kathleen, sous forme d'aquarelles. On sent que l'auteur s'est fait plaisir. Moi, en tant que lecteur, moins.

Le dernier Spirou, La Face cachée du Z, est soit un tome d'exposition génial pour introduire le retour de Zorglub et ses ambitions lunaires, soit une tentative de BD d'action un peu loupée. L'avenir nous le dira.



La BD indépendante n'a pas cassé des briques en cette année 2011. Les soucis de L'Association, mon rejet face au bouquin "olé-olé" de Bastien Vivès, un Fabcaro en légère baisse de régime (rendez-nous Like a steak machine!!) expliquent en partie cette année creuse. Je n'ai pas lu Habibi qui paraît-il est un chef d'oeuvre, donc le jugement est peut-être à nuancer.

Je fonde beaucoup d'espoirs pour 2012, notamment la sortie de la fin de la série De Cape et de Crocs. Mais c'est un autre sujet de post...

mardi 13 décembre 2011

"Groutchmeuhhh" la plus belle onomatopée de la BD?

De nombreuses phrases de BD sont restées célèbres. "Mille milliards de mille sabords", "Quand est-ce qu'on mange", "je veux être calife à la place du calife", "tu es tombé dans la potion magique quand tu étais petit" et j'en passe.

Peu de cris des nombreuses créatures fantasmagoriques du neuvième art sont elles rentrées dans la légende. On pense tout de suite au "houba houba" du Marsupilami, mais la liste s'arrête bien souvent là. La raison principale est bien sûr l'absence de créatures fantasmagoriques dans nombre de BD élevées au rang de classiques : Tintin, Lucky Luke et Astérix ont pour animal de compagnie un bête chien, et Milou comme Idéfix font "ouah ouah". Pour Rantanplan, c'est un peu plus compliqué.

La plus belle de toutes ces onomatopées, c'est le "Groutchmeuh" du vaisseau-dragon de Barbe Noire, dans la série éponyme de Marcel Remacle, publiée dans Spirou dans les années 60-70.  L'album, le n°6 est intitulé Dans la gueule du dragon. Barbe Noire s'est fabriqué un vaisseau en forme de dragon qui épouvante les équipages, abandonnant leur navire. Il n'a plus qu'à se baisser pour en ramasser la cargaison. Jusqu'au jour où son ennemi historique, le Vieux Nick, passe sur sa route...




lundi 28 novembre 2011

On le cauchemardait, ils vont le faire : une suite à "La Marque Jaune"!

Reprendre une série comme Blake et Mortimer relève de la gageure. Pas commerciale, non, loin s'en faut. Il y a des toujours des naïfs qui, comme moi, déboursent leurs 13 euros pour chaque nouveau tome. Un nouveau opus à chaque fois un peu plus décevant que le précédent. Tout avait bien commencé avec L'Affaire Francis Blake, une bonne histoire d'espionnage tout à fait correcte, puis La Machination Voronov, à mon sens une des reprises les plus abouties de Jacobs. Les choses ont commencé à se gâter avec L'Etrange rendez-vous, honnête histoire sans plus, puis avec le calamiteux Les Sarcophages du Sixième Continent et le décevant Le sanctuaire du Gondwana. Léger mieux avec La malédiction des trente deniers (avec un sévère coup de mou dans le second tome). Et voilà que le nouveau scénariste Jean Dufaux annonce au blog de référence Blake Jacobs et Mortimer qu'il a l'intention de donner une suite à La marque jaune, en ressucitant (on ne sait trop comment) le Professeur Septimus. Titre de travail de l'album L'Onde Septimus.



Je suis du genre à hurler avec les loups dès qu'on remet en cause le patrimoine de la BD. Je l'ai fait (un peu vite) avec Gastoon, finalement pas si mal que ça. Mais là, pour Blake et Mortimer, j'ai de sérieux doutes. Ce n'est pas uniquement lié à la qualité décroissante des albums. A mon humble avis, c'est aussi que la matière sur laquelle les auteurs doivent s'appuyer est assez maigre. Combien d'albums Jacobs a-t-il réalisés de son vivant? 12 albums, et 8 histoires en tout (certaines aventures comptent 2 ou 3 tomes). C'est quand même très peu pour avoir un corpus de personnages suffisant pour arriver à varier les histoires. Aujourd'hui, avant la sortie des prochains albums, on compte 7 albums post-Jacobs, bientôt 9. Il n'est pas illusoire de penser que vers 2015-16, la série dérivée comptera plus d'albums que la série mère. Et c'est à mon avis un problème.

Si ressusciter Olrik à tous les albums fait partie du gimmick, Jacobs n'a pas eu le temps de créer des dizaines de méchants, ni même des dizaines de personnages. Tout scénariste voulant se raccrocher un tant soit peu au corpus jacobsien est tenté de déterrer systématique l'inspecteur Pradier, le savant maléfique Miloch, la brute Sharkey ou l'empereur jaune Basam Damdu. Or, les meilleurs albums sont ceux qui parviennent à prendre leurs distances avec les personnages secondaires que l'on connaît déjà. La Machination Voronov, à mon sens le meilleur de la série, se passe en Russie, un pays où Jacobs n'avait jamais envoyé ses deux héros. L'Affaire Francis Blake a été l'occasion pour Ted Benoît et Jean Van Hamme de créer le personnage de Honeychurch, l'adjoint de Blake au MI6... un personnage qui sera repris par l'autre équipe travaillant sur le projet. Je pense tout simplement que la matière va cruellement manquer, et que cette résurrection en cours de Septimus est symptomatique d'une quête de légitimité que les nouveaux albums ne pourront jamais tout à fait obtenir. Pire, quand il s'agit carrément de donner une suite à La Marque Jaune, l'Album avec un grand A de référence pour tous les fans de la série.


D'autant plus qu'une revisitation du thème de La Marque Jaune a déjà été faite par le duo Veys et Barral, dans son très drôle Menace sur l'Empire. Une série parodique qui a beaucoup plus de latitude à détourner les codes de la série mère, autrement plus que les aventures "sérieuses" publiées après Jacobs, comme engoncées dans un carcan.



Les autres expériences de revisitation d'une série de BD très connue ne souffrent pas du handicap de matière première laissé par l'auteur originel. Les "Spirou par" proposent une lecture différente par chaque auteur de l'univers du groom, et ça fonctionne très bien vu que le contrat de lecture est clair. La tentative (réussie) de Larcenet qui a revisité Valérian fait plus penser à l'esprit parodique de la série Philip et Francis : comme dans Menace sur l'Empire, Larcenet bulldozérise joyeusement les codes de la série de SF de Mézières et Christin. Je suis un peu plus mitigé pour le Lucky Luke d'Achdé (avec divers scénaristes), qui oscille entre le franchement bon en reprenant le principe de la série de Morris, un thème par album et on brode dessus, et le très moyen en voulant autoparodier une série déjà parodique par essence. Mais dans ces trois cas, la série originale comptait au moins vingt albums et une sacrée galerie de personnages secondaires. Ce qui n'est pas le cas de Blake et Mortimer. D'où mes craintes...

jeudi 24 novembre 2011

Twitter inventé en 1982, la preuve!


Vous ne connaissez peut-être pas la série Valry Bonpain. Moi non plus jusqu'à ce que je découvre un album sur Ebay par hasard. Publiée au début des années 80 dans le journal Spirou, cette série policière en noir et blanc a des faux air de Jérôme K. Jérôme Bloche en saxophoniste. De facture assez classique (des petites histoires de 5-6 planches où se déroule l'intrigue), Valry Bonpain a deux particularités. La première, c'est qu'on a fait poser quelqu'un (un comédien?) pour une couverture de Spirou en 1982. C'est suffisamment rare pour être signalé qu'une photo soit en "une" du magazine de BD plutôt qu'un dessin. Et la seconde, c'est que les auteurs, Le Gall et Clément, ont deviné avant tout le monde la naissance de Twitter...



En l'occurence, il s'agit d'un tueur engagé par un club de gentlemen anglais un peu détraqués pour refroidir un particulier pendant la Saint-Sylvestre à Paris.



N'empêche que lues en 2011, avec le recul, ces cases sont savoureuses.

jeudi 3 novembre 2011

Quel tintinophile êtes-vous?

1- Vous êtes plutôt
a) un homme
b) une femme (c'était donc vous! Vous êtes ultra-minoritaire!)

2- Vous vous définiriez plutôt comme un tintinophile...
a) collectionneur
b) intellectuel



3- Si vous avez coché a) collectionneur, avez vous de grosses ressources pour assouvir votre passion, sachant que les produits dérivés et les originaux d'Hergé ne sont pas donnés?
a) Hélas non, il est loin le temps où on pouvait collectionner du Tintin sur les pots de moutarde. Heureusement que Spielberg a vendu les droits dérivés à MacDo et Carrefour plutôt qu'à Fauchon et la Tour d'Argent.
b) Oui, payer un T-Shirt estampillé Tintin 25 euros (le prix dans les Tintin Shop) ne me pose pas de problème.

4- Si vous avez coché b), combien de livres sur Tintin ont été écrits?
a) "Plus que sur tous les autres auteurs de BD" comme le dit Benoît Peeters, un des grands spécialistes de la Tintinophilie.
b) Environ 2 rayonnages de votre bibliothèque
c) Ca dépend. Approuvés par Moulinsart, ou sortis en loucedé sans avoir le droit aux illustrations des albums pour illustrer le propos?

5- Le film de Spielberg, vous avez décroché...
a) Dès le début: mais quel horreur ce nez de Haddock! Cette érudition superfétatoire de Tintin! Ce geste dédaigneux de Tintin qui jette des piécettes à Hergé sur le Vieux-Marché, comme si Spielberg s'affranchissait du poids de Moulinsart en rappelant qu'il a payé pour adapter (cette thèse est de Jean-Marie Apostolidès, lors d'une conférence au Centre Pompidou).
b) Vers 1h10 du film, autrement dit, avant le tunnel de bagarres/poursuites/explosions
c) Vous êtes resté jusqu'au bout et vous avez applaudi
d) De quel film parlez-vous?

6- Le fait que le jeune public va considérer que le vrai Tintin est celui du film et va trouver les albums d'Hergé mal dessinés...
a) Ca vous désole. Il ne faudrait pas oublier qui a inspiré qui. Et que la meilleure adaptation de Tintin restera toujours "L'Homme de Rio", une adaptation déguisée, mais très fidèle.
b) Vous êtes fataliste. Le plus important, c'est que Tintin reprenne pied dans la nouvelle génération biberonnée à Titeuf.
c) Vos enfants ont interdiction de voir le film tant qu'ils ne savent pas réciter par coeur les dialogues du Secret de la Licorne.



7- Le musée Hergé...
a) est un mausolée où la moyenne d'âge n'a rien à envier à celle de la messe du dimanche. "Il paraît qu'ils louent des enfants le mercredi" a ironisé le professeur à Stanford et tintinologue Jean-Marie Apostolidès au cours d'une conférence du Centre Pompidou.
b) est un superbe écrin mettant en valeur l'oeuvre d'Hergé
c) aurait dû être construit à Bruxelles comme c'était initialement prévu. Vous me voyez faire le déplacement jusqu'à Louvain-la-Neuve?

Question bonus : le tintinophile Benoît Peeters ressemble de façon frappante à...
a) Roger Federer dans quelques années
b) Fantômas
c) Tintin, mais sans la houppette

Solutions
- Vous avez lu ce questionnaire jusqu'au bout. Vous êtes un lecteur appliqué.
- Vous avez lu ce questionnaire jusqu'au bout et il vous est arrivé de sourire. Vous êtes un tintinophile qui a le sens de l'humour. Vous n'êtes sans doute pas Nick Rodwell.
- Vous avez lu ce questionnaire jusqu'au bout et vous avez appris qu'un film "Tintin" était à l'affiche ces jours-ci. Vous vivez probablement reclus dans une grotte ou un monastère. 
- Vous avez lu ce questionnaire jusqu'au bout en grommelant dans votre barbe. Vous ne seriez pas anglais, la soixantaine, et ayant épousé Fanny R. ?

Vous avez eu bon à la question bonus dont la réponse est Roger Federer. Soit vous avez utilisé Google, et je ne vous salue pas, soit vous connaissiez la réponse, et vous pouvez être assuré de ma reconnaissance éternelle.

dimanche 30 octobre 2011

Notre (grand) père la guerre



Jeudi, chez BD Net, il y avait une dédicace de Florent Silloray, qui signe chez Sarbacane un bouquin au titre équivoque : Le Carnet de Roger. Au premier abord, on dirait un mix entre le Journal d'Anne Franck et un Marc Lévy. En fait, il s'agit d'un livre réalisé à partir du carnet de bord de son grand-père pendant sa captivité en Allemagne, au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Comme j'ai eu l'occasion de l'évoquer avec lui, si la bande dessinée a beaucoup traité le second conflit mondial, c'est une des premières fois qu'on aborde les souvenirs d'un prisonnier de guerre. Loin des Airborne 44 au réalisme stupéfiant de Jarbinet, loin du flegme de la Guerre d'Alan de Guibert (d'excellents bouquins), Le Carnet de Roger, c'est une BD sur 39-45 avec une seule page de bataille!

Loin d'Hollywood, mais bien plus proche des souvenirs qu'a pu vous confier un parent. D'abord l'attente de la drôle de guerre, la condition du trouffion moyen à l'affût d'un peu de rab' le midi, ensuite l'homme dépassé par le Blitzkrieg sur la France, et enfin le captif en Allemagne que seule sa famille n'a pas oublié. Paradoxalement, la lecture de l'album, m'a fait penser à La Grande Evasion. Dans le sens où ce que raconte Roger n'a rien à voir avec ce que Steve McQueen et consorts endurent dans leur camp. Dans le film, les soldats alliés peuvent cultiver des pommes de terre, faire pousser des fleurs, et ne sont pas astreints à des tâches éreintantes. Tout le contraire de Roger, qui troquera une captivité oisive mais dans des conditions épouvantables (nourriture pourrie, froid, et où on leur donne de beaux habits uniquement pour faire des photos pour rassurer leurs familles...) contre un passage dans une mine à ciel ouvert, mais où les prisonniers sont mieux traités. Collaboration? Non, réflexe de survie.

Le Carnet de Roger, c'est plus qu'un simple récit de guerre. Florent Silloray se met également en scène pour expliquer sa démarche. Avec la découverte de ce carnet dans un vieux carton, en 2002, à la mort de Roger, s'est engagée une véritable quête initiatique sur les traces de ce passé occulté que son grand père n'a (presque) jamais évoqué. L'auteur se rend en Belgique, en Allemagne, rencontre des témoins oculaires de la déportation de son grand-père. Le carnet se révèle un outil précieux: écrit d'une belle écriture serrée, au crayon à papier, il est à la fois formidablement précis (sur les conditions de vie dans le camp), et parfois assez vague (quant aux lieux de captivité).



Découvrez Le carnet de Roger, un journal de guerre signé Florent Silloray sur Culturebox !

Le carnet s'arrête en 1941. L'auteur se borne à émettre des hypothèses sur ce qu'a connu son grand père dans la seconde partie de la Seconde Guerre Mondiale. Ensuite, Roger se murera dans le silence. Comme tous les prisonniers de guerre, il incarne le visage de la défaite de 40 quand la France de 1945 se fantasme en résistante. Comme les prisonniers de guerre qui ne sont pas revenus amaigris et décharnés de leur captivité, Roger l'a joué encore plus profil bas. Et c'est tout  à l'honneur de son petit fils d'avoir exhumé son histoire.

Le Carnet de Roger a été récompensé du Prix Coup de Coeur du festival Quai des Bulles, et c'est amplement mérité.

PS: à noter le blog de la BD, où Florent Silloray raconte par le menu les étapes de la création de l'album.

samedi 29 octobre 2011

Un ayatollah de la franco-belge juge le film "Tintin"

C'est toujours risqué de se faire une montagne d'un film qu'on attend. Voilà plusieurs mois que je bouillais d'impatience de voir ce "Tintin" porté sur grand écran. Je n'ai pas vu "Les Oranges Bleues" et "La Toison d'or", découragé par les mauvaises critiques qui décrivent ces films comme datés et mous. Ma référence dans ce domaine, ce sont plutôt les dessins animés Ellipse-Nelvana du début des années 90. Critiqués pour leur animation un peu cheap (toujours moins cheap que Goldorak et autres Ken le Survivant, avec leur 5 images par seconde), ces dessins animés ont marqué mon imagination. Pour moi, l'acteur qui prête sa voix à Tintin A la voix de Tintin. Idem pour Haddock. Je ne serai donc pas cet enfant qui a fait remarqué un jour à Hergé, suite à la sortie d'un dessin animé, que le Capitaine Haddock n'avait pas la même voix que dans la BD!



Le Grand Rex, la séance de 22h. Du monde. Des fans. Comme moi.

Bonne impression d'entrée. Le générique fait penser à celui d'"Attrape-moi si tu peux", un des meilleurs Spielberg des années 2000. J'apprécie beaucoup le clin d'oeil à Hergé, croqué en portraitiste du Vieux Marché de Bruxelles, qui tire le portrait à Tintin. Un hommage beaucoup plus discret que dans le film" Les Schtroumpfs" où les scénaristes enfilent leur gros sabot pour vanter l'oeuvre de Peyo. Il ne manquait qu'un bandeau : "en vente dans toutes les bonnes librairies" en bas de l'écran. Coup de coeur  pour le brocanteur qui vend la Licorne à Tintin, et son faux air de Spielberg. L'animation est bluffante. Je ne sais pas si c'est l'écran du Grand Rex qui donne cette impression, mais on dirait que chaque poil de Milou est animé.



Le film souffre à la fois d'un trop grand respect à l'oeuvre originale et aux libertés qu'il prend ensuite. Les premières 20 minutes, où Tintin enquête tout seul après le cambriolage de son appartement et ensuite le vol de son exemplaire de la Licorne souffrent du fait que Tintin est seul avec Milou: ça soliloque beaucoup ! Ce qui passe bien en BD souffre de la transposition sur grand écran, d'autant plus que Milou n'apporte pas la réplique (alors que Jolly Jumper, dans le récent Lucky Luke avec Jean Dujardin, avait un regard décalé sur l'action très fidèle à la BD de Morris).



Les changements apportés dans le scénario pour la plus grand compréhension du spectateur américain (ou l'Européen qui, chose improbable, n'aurait jamais ouvert un album de Tintin de sa vie) ne m'ont pas trop dérangé. De bonnes trouvailles même, avec cette Bianca Castafiore comme arme secrète, la scène des Dupondt chez Filoselle, le gag du dortoir du Karaboudjan... Des initiatives très "tintino-compatibles" comme ces courses-poursuites à répétition. Relisez les premiers albums de Tintin, surtout dans leur version d'avant-guerre, pour saisir le sens du découpage d'Hergé et son côté échevelé et burlesque. Le procédé de tournage (la fameuse motion capture) leur donne un côté jeu vidéo, c'est vrai, mais visuellement, c'est quand même bluffant.

J'ai quand même un regret. Certes, je savais que le film était un condensé du Secret de la Licorne et du Trésor de Rackham le Rouge mâtiné d'un peu de Crabes aux Pinces d'Or. Mais sacrifier à ce point l'aventure maritime du second volet du diptyque de chasse au trésor (gros pincement au coeur: c'est mon album préféré), avec le professeur Tournesol, son sous-marin requin, l'île où s'est échoué le chevallier de Hadoque... A la fin du film, Tintin et Haddock découvrent une petite partie du trésor dans la statue de Saint-Jean, et une carte qui les mène vers un autre trésor. Or, c'est la fin du diptyque d'Hergé! Et la suite ne contiendra que quelques fractions du Trésor de Rackham le Rouge, pour introduire Tournesol dans Les Sept Boules de Cristal/ Le Temple du Soleil.



Du côté des personnages, on sent une volonté de respecter les héros d'Hergé tout en promettant un "Indiana Jones for kids". Et Tintin a un tout petit peu trop ce côté Indiana Jones à deux reprises. Beaucoup de gens ont tiqué sur son érudition quand il achète la Licorne, affirmant au brocanteur qu'elle date du XVIIe siècle. Mais c'est surtout quand, derrière l'épave de leur barque, Tintin tente d'abattre l'hydravion qui les canarde que ça m'a choqué. Sa réplique: "Capitaine, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Mauvaise nouvelle, il ne nous reste plus qu'une balle. Bonne nouvelle: il nous reste une balle". Et Tintin brandit son revolver, tire, et touche le réservoir de l'avion. Cette réplique ne vous a-t-elle pas fait penser à Indiana Jones et la Dernière Croisade qui abat un avion dans des circonstances similaires?

L'ayatollah de la franco-belge que je suis (encore que je me soigne, j'ai révisé mon jugement sur Gastoon, le neveu de Gaston ressuscité opportunément) a quand même beaucoup aimé le film. Pas au point de l'applaudir comme pas mal de monde dans la salle. Mais le respect de l'oeuvre est globalement là et surtout, surtout, surtout ce film a contenté l'amoureux de Tintin que je suis. C'est une variation sur l'oeuvre, pas une transposition trop appliquée. L'esprit y est respecté plus que la lettre, et c'est sans doute mieux ainsi.



PS : Ca ne peut pas être pire que la récente adaptation des Trois Mousquetaires, de toute façon...

PS 2: à voir, l'interview du doubleur de Tintin par Cloneweb!

mardi 26 juillet 2011

Schtroumpf party

On va en bouffer, des Schtroumpfs.

La sortie du film d'animation a beau être prévue pour début août, les éditeurs n'ont pas attendu la fin de l'été pour ressortir des cartons de quoi éplorer le nostalgique, intéresser le collectionneur, surprendre l'érudit... ou occuper le terrain, ce qui n'est déjà pas mal.

Au rayon "patrimoine", citons la réédition du Schtroumpfissime, chef d'oeuvre parmi les chefs d'oeuvre de Peyo (et d'Yvan Delporte) agrémentée des commentaires d'Hugues Dayez. Joli format, belles couleurs, bonnes intentions... mais je suis resté sur ma faim, Dayez n'apportant pas grand chose à mon sens à l'album, si ce n'est quelques remarques pertinentes (je n'ai lu qu'ensuite sa biographie - magistrale - de Peyo, Peyo l'Enchanteur, qui elle vaut largement l'investissement). On sent les éditions Dupuis soucieuses de mettre en valeur leur patrimoine, à l'image des magnifiques intégrales qu'elles proposent jusqu'à présent (Gil Jourdan, Jerry Spring, et aussi Johan et Pirlouit), mais la matière manque pour enrober le seul Schtroumpfissime.

Toujours au rayon patrimoine, je me suis laissé tenter par l'exposition chez Artcurial (splendide hôtel particulier sur les Champs Elysées) sur Peyo. Plusieurs des pièces exposées sont à voir sur le site du Figaro, qui, lui, a eu le droit de faire entrer un appareil photo dans la salle... Une expo BD assez classique, avec planches originales, de temps en temps un coup de gomme ou un bout de scotch pour faire "authentique". C'est frappant de constater à quel point le dessin de Peyo est lisible, fluide, et que le crayonné effacé par l'encrage est pratiquement invisible. Le but est ici  de montrer les différentes facettes de l'oeuvre de Peyo (son apolitisme, le côté musical de ses séries) à l'aide de planches. Tout ça donne l'impression d'un exposé bien maîtrisé, mais pas d'une expo dépassant l'exercice de style (un des meilleurs contre-exemples est pour moi celle réalisée autour de l'univers de Gaston à la Villette ou Tintin au Centre Pompidou). A la boutique du musée, je fais l'acquisition du livre d'Hugues Dayez que j'ai déjà cité, et en le lisant, je me rends compte que l'expo s'est largement inspiré de son travail.

Je passe vite fait sur le livre d'Antoine Bueno, Le Petit livre bleu, qui a rassemblé ce que les mauvaises langues disaient sur les Schtroumpfs, l'a agrémenté de travers que je ne soupçonnais pas (les Schtroumpfs facistes?), et en a tiré un petit opuscule qui cherchait surtout à faire polémique pour s'assurer un bon chiffre de ventes (l'intérêt scientifique ou démonstratif m'apparaît incertain).


Beaucoup de blogueurs ou de médias spécialisés ont répondu au polémiste, fort à propos à mon avis. Ce qui peut déboucher de positif de tout ça, c'est une analyse d'oeuvres de BD sur le fond, un traitement jusque là réservé au seul Tintin (avec une quantité d'ouvrage assez monumentale). J'attends le polémiste qui écrira qu'Astérix et Obélix voteraient Front National s'ils vivaient aujourd'hui, que George Bush a piqué sa politique étrangère à Buck Danny ou que Jérôme K Jérôme Bloche est à l'origine de la boboïsation du nord-est de Paris...

PS: un mot sur le film, qui est à la base de ce remue-ménage médiatique. Des images qu'on a pu voir jusqu'ici, j'en pense le plus grand mal. Je trouve aussi troublant que le concept de base soit très proche d'un film (tout aussi mauvais sur le papier) qui sort fin juillet: Mr Popper et ses pingouins, comprenez Jim Carey qui s'improvise éleveur de pingouins dans son loft de Manhattan.



Le principe est exactement le même: mettez des personnages virtuels dans un élément qui n'est pas le leur (New York, ou une autre ville américaine), faites interagir avec quelques autochtones, et le tour est joué.



Je ne vous mets pas la vidéo du jeu vidéo "Schtroumpf Party" sur Wii... Si, en fait, il faut le voir pour le croire...


Peyo, qui a engendré une fortune considérable en ayant pratiquement arrêté de dessiner dans les années 70, avait déjà revu le standard des histoires des Schtroumpfs à la baisse dans les années 80 avec l'arrivée des dessins animés d'Hanna-Barbera, un peu ce qu'est devenu Astérix sur les derniers albums. Avant de connaître un dernier sursaut avec Le Schtroumpf Financier, un album qui fait écho à ce qu'à pu être le meilleur de la série: une satire politique profonde, pointue et savoureuse.

PS 2: on m'apprend que Katy Perry a décidé d'arborer un look "Schtroumpfette" pour le film. Ca pique les yeux (source: Paris Match).


Les photos du désastre du film par ici!

jeudi 21 juillet 2011

Quel consommateur de BD êtes-vous?

J'ai bien écrit "consommateur" et pas "amateur", car ici, c'est d'argent qu'on va causer, et de la manière la plus rationnelle de subvenir à sa passion du 9ème art.



Mon profil de consommateur de BD est plutôt à classer dans le "fan-de-classiques-qui-se-soigne-en-tentant-un-indé-de-temps-en-temps". Mon budget tourne autour des 100 euros mensuels (mais c'est souvent plus, surproduction oblige et intégrales coûteuses tombant comme à gravelotte). Et j'attends avec appréhension les mois de septembre-décembre, qui concentrent presque un bon tiers des sorties BD (pour 40% des ventes), là où mon porte-monnaie est mis à rude épreuve.

Face à la surproduction, point de salut... ou presque. Quand je me suis mis à acheter le magazine Case Mate, c'était pour me tenir au courant de ce qui arriverait sur les étagères de mon libraire. Surproduction aidant (et le fait que ma librairie de quartier n'est pas spécialisée, et que faire 30 mn de métro pour me rendre dans l'une d'elle ne m'excite que très moyennement), c'est devenu un outil pour ne pas rater une BD qui pourrait m'intéresser, mais que j'ai de grandes chances de rater. C'est ainsi que j'ai découvert il y a 2 ans A bord de l'Etoile Matutine de Riff Reb's, qui avait de grandes chances de me passer à côté sans cela.

Pour faire face à un certain appétit de BD, je me suis abonné au magazine Spirou. Qui propose beaucoup de BD que j'achète ("fan-de-classiques-qui-se-soigne-en-tentant-un-indé-de-temps-en-temps" on vous dit), mais aussi beaucoup de BD que j'aime lire sans les acheter (Les Tuniques Bleues, Marzi, Les démons d'Alexia etc...). Vous allez me dire que pour cela, il y la bibliothèque municipale et que c'est moins onéreux. Certes. J'y suis inscrit aussi, et je m'y rends régulièrement pour combler les trous béants de ma culture BD. A moins d'avoir quelques années de plus que moi, on n'a pas pu lire tout ce qu'il y avait d'intéressant

J'ai aussi tenté l'aventure de L'Immanquable... que j'ai laissé tomber au bout de 3 numéros. Pourquoi? Parce que les 2 histoires qui m'intéressaient étaient finies (Magasin Sexuel et le tome 2 de Philip et Francis), les autres histoires historiques, réalistes et un peu "héroic fantasy sexy" n'étant pas vraiment ma tasse de thé. Je m'y reconnaissait moins que Spirou (et pourtant Garage Isidore et Mélusine ont du mal à m'arracher un sourire tellement c'est répétitif).

La BD est un passe-temps qui peut coûter très cher. Je n'évoque même pas le marché de l'occasion qui peut aider à encombrer les étagères d'un passionné et aider les journalistes spécialisés et/ou les auteurs qui reçoivent un tas d'album gratos à arrondir leurs fins de mois.

J'ai eu l'occasion de discuter avec un passionné encore plus collectionneur que moi (25.000 BD au compteur) qui me disait que d'après lui, 10% de ce qui était publié était intéressant. Même en conservant ce chiffre, c'est impossible de lire les 500 albums dignes de ce nom (je dois lire une centaine de nouveautés par an, en comptant les prépublications dans Spirou et ce qui me tombe sous la main à la bibliothèque). Le blog Comptoir de la BD avait proposé d'arrêter toute production pendant un an histoire que critiques et lecteurs aient le temps de juger plus les albums, ne soient pas obligés de subir un calendrier des nouveautés démentiel. C'est une métaphore (comment les auteurs vivent pendant ce temps?), mais je ne serai pas contre. L'été, période où les éditeurs tournent au ralenti, offrent un léger répit. Je vais en profiter pour relire les Valérian, tiens...

mardi 17 mai 2011

Tintin au cinéma: un nouvel espoir

Après avoir vu la bande annonce du dernier Tintin, vous avez peut-être poussé comme moi un soupir de soulagement. Non seulement, les quelques images qu'on voit ne déshonorent en rien l'oeuvre d'Hergé, mais elles font plutôt taire les critiques suscitées par les quelques photos diffusées en décembre dans le magazine Empire.



Il existe aussi une 2ème version avec un demi-plan en rab par ci par là.


Les Aventures de Tintin Le Secret de la Licorne... par cloneweb

Sur ce qu'on a vu, en dehors de mouvements un peu empruntés des personnages (ce qui ne changera pas trop de l'animation un peu vieillotte des dessins animés qui ont bercé mon enfance), ça fait plutôt envie. Ca ressemble vraiment à de la BD filmée, ni film, ni film d'animation hyper chiadé façon Kung Fu Panda. Ca n'a pas l'air d'un produit calibré pour les enfants (note: quand dans une critique vous lisez qu'un film a "beaucoup plu aux enfants" fuyez).

Seul petit regret, la bouille de Tintin. Mais est-ce que j'aurais pu être satisfait par n'importe quel autre visage? Je n'en suis pas sûr du tout. Et quitte à transformer le reporter à la houppette en visage du quotidien, celui-là en vaut un autre. Peter Jackson avait prévenu, dans Empire en décembre: "avec la méthode d'animation utilisée, vous allez avoir des acteurs qui vont prétendre incarner Tintin et le Capitaine Haddock, pas coller au dessin d'Hergé. Cela va être quelque chose de complètement différent".


Le compliment que je vais faire à ces quelques secondes exprime tous les regrets engendrés par la genèse du projet: on dirait du Indiana Jones.


C'est en voyant Les aventuriers de l'arche perdue qu'Hergé, malade, avait décidé que ce serait à Spielberg qu'il confierait Tintin, et à personne d'autre. L'affaire a failli se faire dans les années 80, mais la mort d'Hergé en 83 et le flou artistique autour de sa succession (lire l'excellent ouvrage Tintin et les héritiers, d'Hugues Dayez à ce sujet) ont durablement retardé le projet. Spielberg refusa 6 projets d'adaptation vers 1985-6, Polanski, un temps intéressé, ne donna pas suite... Cette histoire de rendez-vous manqués a failli contribuer à muséifer totalement Tintin (voir le très bon article de Des bulles carrées sur la muséification de certains totems de la BD franco-belge).

Les commentaires qui valaient à l'époque nous laissent plein d'espoir pour la fin de l'année. "J'ai senti chez Spielberg un intérêt réel pour Tintin, et une volonté de créer quelque chose de joyeux avec du punch en essayant le plus possible de respecter les albums" expliquait à la fin des années 90 Alain Baran, ancien gestionnaire de Moulinsart dans les années 80.

Seul bémol: ça sort en 3D, ce qui n'était pas franchement nécessaire, vu le rendu plutôt sympathique des premières images. D'autant plus que la 3D ternit les couleurs, bien vives comme dans la BD originales sur ce qu'on a pu voir. Comme on dit maintenant, il sera aussi projeté en 2D "dans certaines salles".

Comme beaucoup de fans, j'irai voir le film dès sa sortie en salles. Avec, en arrière-pensée, l'idée de comparer Secret of the Unicorn à la version qu'aurait pu en faire Walt Disney s'il avait accepté la proposition de collaboration d'Hergé dans les années 50...

Pour en (sa)voir plus
- des captures haute définition sur Clone Web
- l'analyse détaillée de ce qu'on voit dans la bande-annonce sur Bulle Onomatopée (notamment la Licorne qui s'échoue dans le désert, sans doute une hallucination...)
- si on avait laissé faire Spielberg en 1982, le Capitaine Haddock aurait été joué par Jack Nicholson (c'est dans Tintin et les Héritiers). Finalement, on a eu droit à ça: